25e saison
Juste une trace à la surface du monde
Parfois, lorsque je repense à toutes ces tournées en Europe, en Amérique, plus souvent encore en Afrique, je mesure l’incroyable chance que nous avons eu d’être invités à présenter nos créations à l’étranger.
Toute ces rencontres sont devenues au fil des ans la sève de nos spectacles.
Le Bénin est à l’origine de notre envie d’un théâtre politique et engagé.
En Algérie, nous avons conçu notre camion-théâtre pour accueillir les mots de M hamed Benguettaf.
C’est en Bosnie que nous avons rêvé un théâtre démesuré avec Jean-Yves Picq.
Jean-Marie-Gustave Le Clézio a vu les mots de son roman Désert devenir du théâtre d’objets au Burkina Faso.
Au Maroc, nous avons mis en cirque le roman Rue des Voleurs de Mathias Enard.
Nous avons aimé écrire des spectacles de cirque dans les quartiers de nos villes de France avec la complicité de Matthieu Malgrange.
Au Québec, au Maroc, nous avons été de joyeux formateurs pour les écoles de cirque.
En Italie, en Suisse, en Allemagne nous avons été accueillis pour jouer et rejouer nos spectacles fétiches.
En plus de belles tournées, c’est en Belgique que nous avons travaillé l’incroyable auteur visionnaire: Frantz Kafka.
A l’automne, c’est en Angola que nous allons adapter avec une actrice de Luanda notre spectacle Et si l’Océan…
Comme au Brésil, au Mexique, en Russie, au Myanmar, en République Tchèque et en Slovaquie, nous avons la joie de retravailler nos créations pour qu’ils deviennent des spectacles-ponts.
Alors, nous faisons ici un voeux, travailler bientôt en Ukraine, au côté d’une autrice de Kiev, à la langue aussi résistante que la vie: Julia Gonchar.
Le théâtre que nous rêvons à bord de notre camion-théâtre. dans les rues, sous chapiteau, ne connait pas de frontières.
Depuis 25 ans, nos créations enjambent les mers, comme autant de traces éphémères à la surface du globe.
Le théâtre est cette utopie qui doit tourner, sans jamais perdre la tête.
Bruno Thircuir, metteur en scène